Le stublog de frelon67


DANS LES MURS ......( suite )

25/06/2007 19:50
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L'après-midi, j'essaie de tuer le temps. Je n'arrive pas à faire la sieste ni à lire, je suis tellement tendu... Je tourne comme un lion en cage.
Le remplaçant de l'assistant social - alors en vacances - me reçoit dans son bureau. Je lui dis, entre autres, combien je m'en veux à cause des souffrances que j'impose à mon épouse et a ma familles. Il me répond d'un ton glacial : « A cela, mon cher, il fallait réfléchir avant ! », ce qui signifie en gros : « c'est de votre faute ! vous n'aviez qu'à faire le nécessaire pour ne pas aller en prison ». Cette parole n'a fait qu'accentuer ma culpabilité et élargir ma blessure, alors que j'attendais une écoute, et éventuellement une parole de consolation, ou du moins, de compréhension.
La porte de ma cellule d'arrivant s'ouvre, et l'on me conduit à ce qui doit devenir ma cellule, au 2ème étages sud. Je refais vite mon paquetage, semblable à un gros ballot enveloppé dans mes couvertures. Nous passons différentes grilles fermées à clé. Tout autour de moi il y a 400 détenus répartis par étages. Beaucoup sont des étrangers.

Je rentre dans ma cellule : j'ai un choc. Il n'y a aucune hygiène. Le surveillant n'attend pas que je lui fasse quelque commentaire : il claque violemment la porte derrière mon dos et m'enferme à double tour. Le claquement de cette porte, je l'entends encore aujourd'hui...

Alors je me mets au travail : j'essuie et lave la table, la chaise, et nettoie la pièce avec une petite balayette qui traîne là. Il manque la moitié des brins de paille de la balayette, ils ont été coupés : un surveillant me dira plus tard qu'un détenu a dû les utiliser pour les fumer comme une cigarette. Le traversin est composé d'un vieux morceau de mousse découpé à la main dans un matelas et brûlé par endroits.
Ma cellule fait 9 m². A droite en rentrant, une cuvette de wc sans le siège, bien en vue depuis l'oeilleton de la porte, puis à la suite, un lavabo et une armoire dont la porte est pleine de trous. En face, la fenêtre. A gauche, une petite table d'écolier couverte de graffitis et à moitié délabrée, une petite bibliothèque en planches fixée au mur, et le lit métallique. Au sol, du carrelage comme dans les vieilles cuisines d'autrefois
J'ouvre ma fenêtre. Derrière les barreaux, elle donne sur la cour de promenade, une minuscule cour en forme de demi-camembert. A certaines heures, beaucoup de détenus y sont pour marcher, ou jouer aux cartes.
Autour de cette cour, un imposant mur de pierre très épais et très haut dissuade ceux qui voudraient s'évader. Au dessus de ce mur, des fils barbelés électrifiés, où sont accrochés plein de vieux morceaux de vêtements, et de plastique. Derrière le mur, un chemin de ronde utilisé la nuit par les surveillants. Et au dessus de la cour, des câbles anti-hélicoptère ont été disposés.
Les premiers jours, ce qui me manque à part ma famille, c'est de pouvoir me promener dans la nature, mais aussi de voir des voitures...
Il est vingt heures. On vient de m'observer au travers de l'oeilleton.
Je ferme ma fenêtre. J'ai bien fait car mon voisin du dessus, pour me dire qu'il me déteste, déverse des paquets d'eau à l'aide de bouteilles plastique ; tout cela coule le long de la façade : ma fenêtre étant heureusement fermée, l'eau ruisselle le long des vitres. Par la suite j'apprendrai que ce voisin du dessus avait plusieurs années encore à faire, il était amer et avait appris que j'étais nouveau : il lui fallait un souffre-douleur. Il renouvela son opération presque tous les soirs.
Ma première soirée est mouvementée. Tous les détenus se parlent en hurlant au travers des fenêtres jusqu'à 23-24 heures, beaucoup s'insultent, se menacent et font du bruit.
On se passe des objets grâce à un système de « yoyos »... le yoyo, c'est un petit pot de ricoré en plastique, dans lequel on renferme ce qu'on veut, et grâce à une ficelle, on le fait basculer d'une fenêtre à une autre, à l'étage qu'on veut.


a suivre ......

DANS LES MURS ......

23/06/2007 17:31
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Aussitôt, j'ai été placé dans une cellule d'attente d'un m², fermée par une grille. Cette cellule me rappelait celle de ma garde à vue. Je me suis assis sur la planche en bois. J'y suis resté une heure et demie, et j'étouffais. Je manquais d'air.
On prit mes empreintes digitales. Ensuite on me donna mon « numéro d'écrou ». Mon argent et ma carte d'identité me furent retirés.
Puis l'on me conduisit au « service de la fouille ». Là je fus prié de me mettre entièrement nu, et de m'accroupir afin que l'on m'inspecte totalement, puis de tousser, en position accroupie.
Mes affaires - qui étaient contenues dans deux sacs - furent méthodiquement fouillées et passées au détecteur de métaux. On me priva de mon flacon d'eau de toilette, de mon déodorant, de mon sac de sport, de divers papiers administratifs, et d'autres bricoles.
Je reçus mon paquetage : deux couvertures, deux draps, une taie d'oreiller, un canif à bout rond (qui ne coupait absolument pas... ), une fourchette, une cuillère à soupe, un bol et diverses affaires de toilette.

La maison d'arrêt est très vétuste, et dans les couloirs on se croit projeté un ou deux siècles en arrière, tellement tout est sombre. On se croirait dans une très vieille usine désaffectée. Tout résonne comme dans une cathédrale.
L'absence d'informations - mais aussi de considération - de la part du personnel dans les premières semaines, est ce qui m'a le plus fait souffrir. Le service social m'a transmis une feuille avec quelques indications, mais elles étaient totalement insuffisantes !
Seul dans ma cellule, après ces trois premières heures de détention, je ne peux m'empêcher d'éclater en sanglots.
La porte s'ouvre vers 17 h 45, et l'on me donne ma « gamelle », c'est à dire un plateau en inox rempli de nourriture. Puis la porte se referme jusqu'au petit matin à 7 heures. Durant la nuit, plusieurs fois on m'observe au travers de l'oeilleton.
Que le réveil fut difficile ! J'avais l'impression de vivre un cauchemar éveillé. A 7 heures, la porte s'ouvre, je me sers en café et en lait sur le chariot (il n'y avait pas de sucre...).
Le café, c'est du jus de chaussette..., le lait est en poudre... mais ça fait du bien quand même...
Ma matinée est occupée par la visite à l'infirmerie.


A suivre .....

La prison : la plus grande école du vice.....

23/06/2007 02:36
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La prison : la plus grande école du vice, du crime et de la récidive.... tandis que l'article D 189 du Code de Procédure Pénale prévoit que l'emprisonnement a pour but de "favoriser l'amendement" et de "préparer le reclassement social"... en assurant "le respect de la dignité à la personne humaine"... ce qui est si peu appliqué dans nos prisons françaises !

Liberté , Egalité ..... mon cul !!

23/06/2007 02:28
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La prison a la prétention de resocialiser des personnes en leur imposant la pire des vies sociales que l'on puisse imaginer. La prison a la prétention d'amender, de changer les personnes en leur imposant dans la pratique de devenir pires. La prison a la prétention de réinsérer les personnes en les coupant violemment de tout ce qui pourrait les aider à le faire (vie de famille, emploi stable, vie sociale normale). La prison a la prétention de lutter pour la dignité humaine en cassant toute dignité, toute confiance en soi, toute espérance, la personnalité et la réputation des personnes incarcérées. La prison a la prétention de former en déformant, de stabiliser en déstabilisant, de rendre meilleur en rendant pire, de protéger la société en formant des récidivistes qu'elle fait devenir des fauves. Voilà la réalité que pourrait confirmer toute personne (et sa famille proche) qui l'a subie, et qui ne sera malheureusement jamais écoutée car elle est en bas de la pyramide.
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